Un navire espion russe au large de nos côtes en novembre

Notre pays investit dans une approche spécialisée  

À la mi-novembre de l’année dernière, un navire a été repéré dans notre partie de la mer du Nord. Il s’agissait probablement du même navire de recherche russe qui avait déjà été repéré dans les eaux néerlandaises. Le navire naviguait sans AIS (Automatic Identification System), un système de sécurité obligatoire qui permet de connaître automatiquement l’identité des navires. Vu le comportement suspect du navire, une enquête a été lancée par le Carrefour d’information maritime. Le passage de ce navire s’inscrit sans aucun doute dans le contexte plus large de la guerre en Ukraine.

Hier, le service de renseignement et de sécurité militaire néerlandais (MIVD) a rapporté l’incident. Il est suggéré que le navire aurait eu l’intention de répertorier des infrastructures sensibles, telles que des parcs éoliens, des gazoducs sous-marins et des câbles de communication et de transmission de données. Nos services de renseignement et de sécurité tiennent également compte de ce scénario et sont en état d’alerte. 

La Belgique gère d’importantes infrastructures d’approvisionnement énergétique offshore. Depuis le début de la guerre en Ukraine il y a exactement un an, l’attention portée aux risques éventuels s’est considérablement accrue. Cela se fait en concertation avec les instances belges en charge des intérêts économiques, militaires et de sûreté en mer du Nord et les entreprises privées qui exploitent ces infrastructures. La coordination est assurée par le Carrefour d’information maritime (MIK), qui regroupe la DG Navigation du SPF Mobilité et Transports, la police maritime, la douane et la Défense. Ils coopèrent à cette fin avec les services de renseignement et de sécurité tels que la Sûreté de l’État, l’OCAM et le SGRS.

Un budget a été alloué l’année dernière pour acheter cette année un nouveau logiciel permettant de détecter et de suivre avec plus de précision ce type d’activité suspecte.

Depuis le début de cette année, la loi sur la sûreté maritime est également entrée en vigueur, ce qui permet, entre autres, la surveillance par caméra en mer. Ce sera notamment le cas sur les éoliennes. Nous pouvons désormais aussi travailler avec des caméras mobiles sur des drones ou sur des navires. 

Cette loi prévoit également que des analyses de risques et des plans de sécurité pour toutes les infrastructures dans et sur la mer du Nord doivent être établis par les opérateurs en concertation avec les services de sécurité et de renseignement. Sur cette base, les mesures de sécurité nécessaires seront prises.

Vincent Van Quickenborne, ministre de la Mer du Nord : « La présence de navires russes en mer du Nord n’est pas interdite en soi, mais nous surveillons cela de près. Nous ne connaissons pas les motivations exactes de ce navire russe, mais ne soyons pas naïfs. Surtout s’il se comporte de manière suspecte à proximité de nos parcs éoliens, de nos gazoducs et câbles de données sous-marins et d’autres infrastructures critiques. Nous prenons d’ailleurs les mesures nécessaires pour mieux les sécuriser. L’année dernière, par exemple, nous avons déjà alloué un budget à un nouveau logiciel de pointe pour mieux détecter et traquer toute activité suspecte dans notre mer du Nord. Depuis le 1er janvier, la nouvelle loi sur la sûreté maritime est en vigueur. Elle permet, entre autres, d’assurer une surveillance par caméra en mer, notamment sur les éoliennes auxquelles ce navire suspect semblait prêter une attention particulière. Nous exigeons également des plans de sécurité plus stricts de la part des exploitants de toutes les infrastructures en mer du Nord. En fonction de ceux-ci, nous prendrons les mesures nécessaires. Nous nous coordonnons également avec d’autres pays de la mer du Nord pour échanger davantage d’informations et agir ensemble. »