Dans le cadre de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne, le ministre de la Justice Van Tigchelt se réunit aujourd’hui avec les ministres de la Justice des 26 autres États membres. La lutte contre la criminalité organisée, plus précisément la création d’un réseau de magistrats spécialisés et la mise en commun des forces diplomatiques vis-à-vis de pays tiers, figure parmi les priorités. En outre, le ministre Van Tigchelt s’entretiendra de la manière dont les différents États membres abordent la question du travail sexuel. Enfin, de nombreux pays ont manifesté leur intérêt pour notre approche de la détention à petite échelle dont le ministre Van Tigchelt tient à présenter les résultats à ses collègues.
La criminalité organisée
Pour le ministre Van Tigchelt, il est essentiel qu’il y ait au niveau européen une coopération plus étroite dans la lutte contre la criminalité organisée. Non seulement parce que les États membres en faisant bloc peuvent agir avec plus de force, mais aussi pour éviter des effets de déplacement du phénomène. Si une ligne d’approvisionnement est coupée à Anvers, les organisations criminelles internationales ne manqueront certainement pas d’opérer par l’intermédiaire d’autres. Ainsi, une coalition anti-drogue a déjà été mise en place pour une meilleure coopération entre les six pays (Belgique, Pays-Bas, France, Allemagne, Espagne et Italie) les plus touchés par le trafic international de stupéfiants. L’Alliance des ports européens constitue un organe important pour coordonner la sécurité des ports. Europol a également été chargé de cartographier les réseaux criminels en Europe afin de pouvoir mieux les combattre.
Mais des démarches supplémentaires doivent être entreprises. C’est pourquoi le ministre Van Tigchelt plaide en faveur d’une union européenne des forces dans le domaine diplomatique, tant en ce qui concerne les pays d’où sont expédiées les drogues que ceux où se cachent les criminels de la drogue. En parlant d’une seule voix et en formant un bloc diplomatique, il est possible d’exercer une pression plus forte sur les pays qui refusent de coopérer pour extrader des criminels, par exemple.
Le ministre Van Tigchelt travaillera également à la création d’un réseau européen de magistrats spécialisés dans la lutte contre les organisations criminelles. Dans le cadre de l’enquête Sky ECC, par exemple, notre pays a recueilli une multitude d’informations qui a également conduit à plus de 6.000 arrestations à l’étranger. Mais ce type de coopération doit être approfondie et être mise en œuvre de manière structurelle. Grâce à la création d’un réseau spécialisé de magistrats, des informations cruciales pourront être échangées à un stade précoce d’une enquête, de sorte qu’immédiatement dans la foulée des enquêtes seront lancées dans les autres pays concernés. De plus, les enquêtes pourront mieux être coordonnées, ce qui devrait garantir de meilleurs résultats et davantage de preuves transfrontalières. De cette manière, les bandes criminelles pourront être démantelées plus efficacement au niveau européen et pas seulement une branche dans un pays spécifique. L’agence Eurojust doit se voir conférer un rôle d’appui majeur dans ce réseau.
Le travail du sexe
Le ministre Van Tigchelt abordera également la question du travail du sexe, convaincu que des efforts doivent être faits au sein de l’Union européenne pour améliorer les droits et les conditions de travail des travailleurs du sexe. Du fait que le travail du sexe est illégal dans de nombreux pays, ces travailleurs sont souvent privés de droits sociaux, de protection sociale et d’un accès facile aux soins de santé et à la justice, entre autres. Partant de l’expérience belge, le ministre Van Tigchelt ouvrira le débat sur la manière de mieux protéger les droits des travailleurs du sexe. La Belgique, en tant que deuxième pays au monde, a retiré le travail du sexe de son droit pénal. Mais la traite des êtres humains et l’abus de la prostitution restent bien entendu punissables. Ce retrait du droit pénal permet déjà aux travailleurs du sexe d’exercer leur profession sous statut indépendant. Pendant ce temps-là, un cadre légal pour les contrats de travail des travailleurs du sexe est préparé dans notre pays.
La détention à petite échelle
Enfin, de nombreux pays ont manifesté leur intérêt pour notre approche de la détention à petite échelle. Le ministre Van Tigchelt souhaite présenter les résultats à ses homologues des 26 autres États membres. La détention à petite échelle est un moyen pour permettre aux détenus de mieux se réhabiliter et se réinsérer dans la société, ce qui doit réduire la récidive. En effet, ces petites structures permettent de faire du travail sur mesure pour les personnes condamnées, pour leur donner plus de responsabilités et mieux adapter le niveau de sécurité au groupe cible. Le ministre Van Tigchelt expliquera dans quelle mesure la justice belge mise sur le développement de maisons de détention. Dans ces maisons, les résidents, en petits groupes, sont activement préparés à leur libération avec l’aide d’accompagnateurs de détention. Les résidents peuvent entre autres travailler à l’extérieur et suivre des formations. Ils doivent également être autonomes à l’intérieur de la maison et assurer la cuisine, le nettoyage et d’autres routines quotidiennes. Ils sont ainsi encouragés à prendre leur vie en main sans retomber dans la criminalité.