L’exécution des courtes peines va de pair avec l’ouverture de plusieurs maisons de détention dans le pays. Les premières maisons de détention wallonnes seront installées à Liège et à Jemeppe-sur-Sambre, dans la province de Namur. Les personnes condamnées à de courtes peines de la région purgeront leur peine de prison dans cet établissement de petite taille. Ce qui est différent par rapport aux prisons classiques, c’est le fait que l’accent est mis sur l’autonomie, la responsabilité et, dès le premier jour, sur le travail en vue de la réinsertion dans la société. A Liège, une ancienne auberge de jeunesse sera transformée et à Jemeppe-sur-Sambre une maison de détention sera construite sur le site d’une ancienne caserne de gendarmerie.
Depuis les années ‘70, les courtes peines ne sont plus exécutées dans notre pays ou sont converties par la suite dans certains cas en surveillance électronique. Cette mesure censée alléger la pression sur les prisons confrontées à une surpopulation chronique, a paradoxalement fait augmenter davantage la surpopulation carcérale. Cet état de chose a en effet contribué à l’impunité. Les délinquants débutants se sont crus intouchables, et en n’étant pas rappelés à l’ordre à temps, ils ont vu leurs peines non exécutées s’accumuler. Jusqu’à ce qu’ils doivent tout d’un coup passer des années en prison lorsque la limite des trois ans était dépassée. La mesure a eu d’autres effets secondaires : les magistrats prononçaient des peines de prison plus sévères ou recourraient plus rapidement à la détention préventive.
Pour rompre ce cercle vicieux, depuis le 1er septembre 2022, les peines d’emprisonnement comprises entre 2 et 3 ans sont à nouveau exécutées, et depuis le 1er septembre 2023, les peines d’emprisonnement comprises entre 6 mois et 2 ans.
L’exécution des courtes peines doit principalement avoir lieu dans des maisons de détention. Ces établissements fermés constituent un nouveau concept instauré depuis cette législature. Dans les maisons de détention, les condamnés ont la possibilité de participer à des activités utiles, de reprendre leur vie en main et de se préparer au mieux à leur libération, sans retomber dans la criminalité. Seuls les condamnés à une peine de moins de trois ans de prison, présentant un profil de risque faible et motivés pour reprendre leur vie en mains sont pris en considération. Les individus condamnés pour terrorisme ou des délits sexuels ne sont pas autorisés à y résider. Ceux qui se comportent mal doivent retourner dans une prison ordinaire pour y purger le reste de leur peine.
Pas question d’en sortir ni d’y entrer à sa guise
Tout comme dans une prison ordinaire, personne ne peut entrer et sortir à sa guise. A l’intérieur des murs, le régime dans une maison de détention est bien plus axé sur la responsabilisation et la réinsertion que dans une prison classique. L’accent est mis sur l’autonomie, l’apprentissage de la vie en commun, l’acquisition d’une structure quotidienne, le suivi de formations, la recherche d’un emploi et la recherche d’un logement. Il n’est plus question de parler de détenus mais de résidents. Les résidents assurent eux-mêmes, ensemble, les tâches ménagères telles que la cuisine, le nettoyage et la lessive. Les accompagnateurs de détention les aident à reprendre leur vie en main. Dès le premier jour, ils sont préparés à une vie sans rechute dans la délinquance. Le staff se constitue d’une direction et d’une équipe administrative, d’assistants sociaux, de psychologues et d’accompagnateurs de détention.
Trouver un emploi, la clé vers la réussite
Entre-temps, les maisons de détention de Courtrai et Forest sont opérationnelles et d’autres figurent sur le planning à Anvers, Genk, Ninove, Olen et Zelzate. Les chiffres montrent que l’approche fonctionne. Au total, déjà 90 résidents ont été accueillis à Courtrai, dont 43 ont pu quitter la maison de détention. La plupart d’entre eux ont trouvé un emploi et un nouveau logement lors de leur séjour dans la maison de détention. Ils ont déclaré que le travail leur avait permis de retrouver une structure et une estime de soi. Le fait d’être autorisé à purger une peine de prison dans une maison de détention constitue d’ailleurs une faveur et non un droit. Ainsi, 16 résidents ont été renvoyés en prison pour ne pas avoir respecté le règlement intérieur et pour éviter que leur comportement ne pèse sur l’ensemble du groupe. Des déclarations faites auprès de la ville ou de la police, il ressort que la maison de détention ne cause pas de nuisance au voisinage.
Liège et Jemeppe-sur-Sambre
Les premières maisons de détention wallonnes seront installées à Liège et à Jemeppe-sur-Sambre, dans la province de Namur. De ce fait, le compteur affichera neuf maisons de détention.
A Liège, l’ancienne auberge de jeunesse Espace Belvaux située dans l’entité de Grivegnée sera transformée en une maison de détention pouvant accueillir 60 personnes. Le bâtiment sera adapté et agrandi. Les habitants du quartier recevront prochainement une brochure avec davantage d’explications sur la maison de détention et une invitation à la soirée d’information organisée le mardi 21 novembre. Cette soirée aura lieu à 20h. à l’Espace Belvaux, lui-même situé au 189 rue Belvaux.
A Jemeppe-sur-Sambre, une maison de détention pouvant accueillir 40 personnes sera installée sur le site de l’ancienne caserne de gendarmerie dans la rue de la Gendarmerie. Les bâtiments actuels présents sur le site seront démolis au printemps 2024 dans l’objectif d’ensuite commencer la construction.
Les habitants du quartier recevront prochainement une brochure avec davantage d’explications sur la maison de détention et une invitation pour la soirée d’information organisée le mercredi 22 novembre. Cette soirée d’information aura lieu à 19h30 dans le Centre culturel Gabrielle Bernard, Rue de la Fabrique 4c dans l’entité de Moustier.
Paul Van Tigchelt, ministre de la Justice : « Dans les maisons de détention, les personnes condamnées peuvent occuper leurs journées de manière sensée, reprendre leur vie en main et préparer au mieux leur libération, sans retomber dans la délinquance. Une année après la mise en service de la maison de détention à Courtrai, l’on constate qu’il est essentiel de trouver un emploi et ainsi de susciter le sens des responsabilités. Après Courtrai, Forest, Olen, Zelzate, Ninove, Genk et Anvers, je me réjouis de pouvoir dévoiler les premiers sites en Wallonie : Liège et Jemeppe-sur-Sambre. Ainsi, nous mettons fin à l’impunité et à la spirale de la récidive qui portaient atteinte à la sécurité de notre société. Ces nouvelles maisons de détention seront construites avec des unités préfabriquées afin que le déploiement du réseau de maisons de détention puisse se faire rapidement et efficacement. Cette approche fonctionne. Les Français la suivent d’ailleurs avec intérêt. Le ministre français de la Justice, Eric Dupont-Moretti, viendra prochainement en visite à la maison de détention de Courtrai en vue d’étudier notre façon de faire. »
Mathieu Michel, secrétaire d’État chargé de la Régie des Bâtiments : « Les maisons de détention ne sont pas des prisons, ce sont des structures qui permettront de lutter efficacement contre la récidive en offrant un projet de détention focalisée sur les primo-délinquants condamnés aux courtes peines et en privilégiant leur réinsertion dans la société et le monde professionnel. Il permet, à la fois, de lutter contre le sentiment d’impunité, tout en luttant contre la récidive, grâce à une approche pédagogique et un accompagnement individuel. En permettant l’ouverture de ces maisons de détention, nous affirmons donc notre engagement envers une justice où la responsabilité pénale est assumée. Je suis heureux et très fier de la construction de ces premières maisons de détention en Wallonie et je salue toutes les personnes qui collaborent au déploiement de ce projet ainsi qu’à la Régie des Bâtiments. »
Willy Demeyer, bourgmestre de la ville de Liège : « Je serai très attentif à ce que ce projet qui vise à lutter contre une forme d’impunité et d’injustice pour les victimes d’actes considérés comme moins graves, mais néanmoins traumatisants, se déroule sans perturber la vie du quartier et de ses habitants. »
Stéphanie Thoron, bourgmestre de Jemeppe-sur-Sambre : « Le SPF Justice et la Régie des Bâtiments ont opté pour donner une seconde vie aux bâtiments de l’ancienne gendarmerie de Moustier, propriété de la Régie. Le rôle des Autorités communales dans ce projet est d’être une courroie de transmission entre les citoyens et le Fédéral. Nous souhaitons nous assurer que les questions et/ou inquiétudes soient prises en considération et reçoivent des réponses. A ce titre, un financement provenant du Fédéral permettra à la Commune d’engager un coordinateur/médiateur qui pourra créer du lien entre cette nouvelle structure et la vie locale (riverains, acteurs de terrain, asbl, etc.) Enfin, le Collège communal restera tant aux côtés des citoyens que du côté du Gouvernement fédéral pour ce projet d’importance. »