Des spécialistes du secteur privé déployés dans la lutte contre la criminalité informatique et la fraude

Formation et recrutement accélérés d’inspecteurs principaux spécialisés à la police

La police recrute désormais bien plus vite des experts chargés de détecter notamment la criminalité informatique et la fraude financière. Ces spécialistes peuvent poser leur candidature tout au long de l’année et ne doivent plus suivre l’ensemble des cours classiques de la police pendant leur formation, comme ceux consacrés à la circulation routière et au maintien de l’ordre.  Ce faisant, de nombreux experts deviennent plus rapidement déployables dans leur domaine professionnel. La proclamation de 32 nouveaux inspecteurs principaux spécialisés a eu lieu aujourd’hui. Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, est venu les féliciter. Le gouvernement rend effectivement la politique de recrutement accéléré juridiquement possible. Celle-ci ne manque pas son objectif. 

Afin de mieux lutter contre les formes de criminalité comme le phishing, le piratage informatique, la fraude financière et le blanchiment d’argent, la police est à la recherche d’inspecteurs principaux supplémentaires pour venir la renforcer. Dans le cadre de la lutte accrue contre ces phénomènes, des profils disposant déjà d’un diplôme dans leur domaine d’expertise sont nécessaires, tels notamment des spécialistes des technologies de l’information et des fiscalistes issus du secteur privé. Ces recrues sont déployées au sein des sections spécialisées de la police judiciaire fédérale (PJF), telles que la « Federal Computer Crime Unit » et la cellule « ECOFIN », ainsi que la section recherches des zones de police locale. 

Passer à la police par conviction civique 

De nombreuses personnes du secteur privé sont intéressées par un emploi à la police car il leur permet de contribuer activement à une société plus sûre. Ainsi Erwin par exemple, qui vient de commencer sa formation d’inspecteur principal avec une spécialisation particulière. « Après avoir obtenu mon bachelier en gestion d’entreprise, j’ai travaillé dans diverses entreprises privées jusqu’à l’âge de 38 ans. Jusqu’il y a peu, je travaillais dans une grande banque belge, où je conseillais les clients en matière d’épargne, d’investissement et d’assurance. Comme l’aspect technique tel que les nouvelles applications en matière de logiciels et de matériel m’intéresse énormément, je donnais également des formations sur la manière de faire des opérations bancaires en ligne en toute sécurité. Mais malgré mes chouettes collègues et mon esprit constructif, j’avais remarqué qu’il me manquait quelque chose. Je voulais également apporter quelque chose à la société. Grâce à mon diplôme, j’ai pu postuler à la fois pour ECOFIN et pour la Computer Crime Unit de la police. J’ai choisi cette dernière », témoigne Erwin, qui commencera à travailler à la PJF de Flandre orientale après sa formation.

Sabine (55 ans) vient également du secteur bancaire ou elle a exercé des différentes fonctions telles que chargée de relations professionnelles, d’expert en crédit et de directrice d’agence. « Depuis 2018, en tant que franchisée, j’assurais la direction d’une agence bancaire locale. Mais lorsque je suis tombée sur une annonce de vacance d’emploi à la PJF de Bruxelles, j’ai pris mon courage à deux mains. Après avoir passé les différents tests, j’ai commencé ma formation le 1er mars 2023. Je suis heureuse d’avoir franchi ce pas, bientôt je pourrai contribuer à la lutte contre la fraude financière au sein de la cellule ECOFIN de la PJF de Bruxelles », déclare Sabine.

Abandons pour cause de formation trop longue 

Cependant, pour de nombreux spécialistes comme Erwin et Sabine, qui viennent du secteur privé et veulent participer à la lutte contre la criminalité, il y a eu des obstacles à surmonter pour franchir réellement le pas. En effet, ils ont dû franchir de nombreuses étapes avant de pouvoir intégrer effectivement la police dans leur domaine professionnel.  Jusqu’à récemment, la formation comprenait, par exemple, des cours classiques sur le travail de quartier, la législation sur la circulation et le maintien de l’ordre public. Toutefois, ces modules sont peu pertinents pour le travail portant sur des phénomènes tels que la cybercriminalité et la fraude financière ou économique. Un autre obstacle était que les candidatures ne pouvaient être introduites que deux fois par an. De ce fait, seule une trentaine d’inspecteurs principaux spécialisés terminaient leur formation chaque année, alors qu’il existe une multitude de candidats intéressés. 

La police judiciaire fédérale a soulevé la question auprès des ministres concernés. Il était nécessaire d’accroître et surtout d’accélérer le recrutement de profils spécialisés. C’est pourquoi le cadre réglementaire, la formation spécifique et la politique de recrutement ont été revus en concertation avec les organisations syndicales.  De nombreux postes vacants ont également été ouverts, ce qui a permis d’embaucher davantage de candidats. En outre, les spécialistes pourront poser leur candidature tout au long de l’année et pas seulement à deux moments précis. Grâce à ces mesures, désormais environ 120 inspecteurs principaux spécialisés pourront terminer la formation au lieu d’une trentaine. Désormais, l’accent sera mis entièrement sur le travail judiciaire. Ainsi, la formation d’inspecteur principal avec une spécialisation particulière dure désormais 14 mois, stages compris. 

Déjà 51 nouveaux candidats ont commencé

La proclamation de 32 nouveaux inspecteurs principaux spécialisés a eu lieu aujourd’hui à Bruxelles : 17 francophones et 15 néerlandophones. Ils ont encore suivi l’ancienne formation et commenceront prochainement à travailler à la police judiciaire fédérale ou à la section recherche locale. Le ministre de la Justice, Van Quickenborne, est venu féliciter personnellement les nouveaux policiers.  

La nouvelle manière d’enseigner et de recruter ne manque assurément pas son objectif. Au 1er mars 2023, 51 candidats ont déjà commencé la formation d’inspecteur principal spécialisé. Un autre groupe commencera la formation en octobre 2023. Il est encore temps de poser sa candidature pour en faire partie. Vous avez une formation en informatique ou en finance et vous souhaitez contribuer à une société plus sûre ? Dans ce cas, n’hésitez pas à consulter les postes vacants à l’adresse suivante www.jobpol.be.  

Vincent Van Quickenborne, ministre de la Justice : « Dans la lutte contre le phishing, le piratage informatique, la fraude financière et le blanchiment d’argent, la police judiciaire fédérale a besoin d’un grand nombre d’inspecteurs principaux supplémentaires. De nombreux experts veulent prendre leurs responsabilités pour poursuivre ces criminels. Mais la formation était très longue et couvrait un grand nombre de modules peu pertinents pour ces profils, ce qui a conduit beaucoup d’entre eux à abandonner. C’est pourquoi nous avons mis à jour les règles y afférentes et avons adapté la formation. Les spécialistes en matière de lutte contre la criminalité informatique et la fraude financière peuvent désormais commencer à travailler plus rapidement. Nous le constatons également dans les chiffres : 51 personnes se sont déjà inscrites au cours, qui a débuté le 1er mars. De cette manière, nous aurons davantage de bonnes personnes aux bons endroits. »

Annelies Verlinden, ministre de l’Intérieur : « Cette nouvelle vague d’inspecteurs principaux nous permet d’affecter immédiatement des policiers dans leur domaine de spécialisation. Cette démarche illustre la manière dont l’enseignement policier s’aligne sur les besoins du terrain. Grâce à une formation remaniée et à une politique de recrutement différente, nous serons désormais en mesure de former et de mobiliser plus rapidement un plus grand nombre d’inspecteurs principaux ayant une spécialisation particulière. Cette mesure est l’une des nombreuses initiatives visant à renforcer notre Police Judiciaire Fédérale dans la lutte contre la criminalité organisée. Elle fera également de notre police un employeur plus attractif : nous pourrons ainsi susciter l’intérêt de profils spécialisés pour un emploi dans la police et leur garantir que leur expertise leur permettra d’entrer en fonction très rapidement. »

Eric Snoeck, directeur général de la police judiciaire fédérale : « Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à tous ces nouveaux inspecteurs principaux spécialisés en IT ou en criminalité économique et financière. Chacun d’entre eux est un atout précieux dans la lutte contre la cybercriminalité et dans la recherche active des avoirs illégalement obtenus (‘follow the money’). La formation a par ailleurs été repensée, ce qui facilite le recrutement des personnes intéressées au sein de la Police Judiciaire Fédérale. Nous espérons pouvoir susciter un grand intérêt rapidement pour ces carrières car il y a encore beaucoup à accomplir. »

Sandrine Simon, responsable de la formation de base à l’Académie nationale de police : « Ces inspecteurs principaux avec spécialisation, qui viennent de terminer leur formation, sont déjà prêts à apporter leur contribution pour une société plus sûre en – je cite l’un d’entre eux – « en n’étant pas simplement spectateur, mais en participant activement aux enquêtes et à la résolution des crimes ». « Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir former, de manière très ciblée, dans les années à venir de nombreux autres candidats motivés et spécialisés afin qu’ils puissent eux aussi œuvrer à une société plus sûre. »