Dans notre pays, il existe des milliers de lieux où les citoyens pratiquent leur religion ou leur conception philosophique. Selon un audit réalisé par un groupe d’experts désigné, ces bâtiments d’église, mosquées, synagogues, temples, lieux de rencontre religieux et centres laïques sont souvent vulnérables au vol et au vandalisme. Par ailleurs, les statistiques de la police fédérale indiquent que le nombre de vols et d’actes de vandalisme dont sont victimes les bâtiments du culte est à nouveau en légère augmentation depuis l’année 2020, année marquée par le coronavirus. Pour cette raison que le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne et la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden ont élaboré un plan visant à renforcer la sécurité de ces bâtiments et des personnes qui s’y trouvent. Cette démarche a débouché sur un manuel confidentiel, qui a été présenté et examiné lundi au Conseil du dialogue, l’organe consultatif des représentants des religions et des conceptions philosophiques.
Les milliers de lieux de prière et de centres d’assistance morale disposent également souvent d’un patrimoine mobilier qui peut être vulnérable aux cambriolages, aux vols et au vandalisme, que ces actes soient motivés par l’appât du gain ou la haine. En effet, on y trouve des statues, des tableaux, du mobilier et des objets liturgiques, ainsi que des offrandes et de l’orfèvrerie très recherchés par les cambrioleurs à la recherche de métaux précieux.
Le nombre d’actes de vandalisme et de vols concernant les bâtiments du culte a diminué entre 2018 et 2021. En 2019, la police a enregistré 440 cas de vandalisme et 928 cas de vol concernant des bâtiments du culte. En 2020, ces chiffres étaient respectivement de 383 et 711, une nouvelle baisse dont les mesures sanitaires ne sont peut-être pas étrangères. Cependant depuis 2021, l’on constate à nouveau une légère augmentation de ce type de faits. Cette année-là, le nombre d’actes de vandalisme est à nouveau passé à 422 et celui des vols à 786. Les statistiques pour 2022 ne sont pas encore complètes, mais les chiffres du premier semestre (236 actes de vandalisme et 359 vols) semblent confirmer cette légère tendance à la hausse depuis 2020.
L’ouverture au public et l’hospitalité comportent des risques
Un groupe d’experts a été désigné pour évaluer la sécurité des bâtiments du culte et des centres d’assistance morale. Il était composé de spécialistes de la police locale, de la police fédérale et de la direction générale Sécurité et Prévention du SPF Intérieur, accompagnés par le service des Cultes et de la Laïcité du SPF Justice et la direction générale de la Législation, des Libertés et des Droits fondamentaux. Des audits ont montré que de nombreux bâtiments de culte sont mal sécurisés. Cette situation est due en partie à leur caractère public et accueillant, qui rend le contrôle difficile et permet souvent à des personnes mal intentionnées d’y entrer librement.
Bon nombre de ces bâtiments n’ont pas été construits en prenant en compte la sûreté et la sécurité modernes. De plus, leur fonction ne se limite pas exclusivement à l’organisation de services de culte, en effet des événements culturels, des cours et d’autres activités communautaires y sont également organisés. Ces différentes fonctions compliquent également le contrôle des personnes qui entrent et sortent. Ces lieux accueillent parfois beaucoup de monde en même temps, ce qui peut entraver les évacuations en cas d’urgence.
Manuel de sécurité confidentiel
Dans les rapports d’audit, le groupe d’experts a énuméré un grand nombre de recommandations visant à prévenir les vols, les cambriolages, le vandalisme, les incendies criminels et les actes de terrorisme. Cette démarche a débouché sur un manuel confidentiel de plus de 60 pages qui doit servir de fil conducteur pour mieux sécuriser les bâtiments. Il présente non seulement des solutions techniques ou électroniques, mais également des mesures peu coûteuses et pragmatiques qui, dans la pratique, peuvent faire une grande différence en termes de sécurité. Il s’agit de travaux d’infrastructure spécifiques, mais aussi, par exemple, de moyens de mieux enregistrer les visiteurs et de donner un accès plus encadré à certaines zones. Le manuel précise également qui sont les points de contact pour évaluer les situations spécifiques sur le terrain en matière de prévention.
Le manuel a été présenté lundi au Conseil de dialogue, dans lequel siègent des représentants des communautés religieuses, des conceptions philosophiques non confessionnelles reconnues et de l’Union bouddhiste de Belgique. Ces représentants diffuseront ce guide au sein de leur communauté, notamment aux responsables des lieux de prière et des centres laïques. Ce guide leur est exclusivement réservé ainsi qu’à certaines juridictions supérieures. En effet, une diffusion plus large donnerait aux personnes extérieures une vue d’ensemble des mesures de sécurité, ce qui nuirait à leur efficacité. Vincent Van Quickenborne, ministre de la Justice : « Les cultes sont régulièrement victimes de cambriolages ou de vols, ainsi que des infractions motivées par la haine ou la discrimination, comme le vandalisme. De même, un acte terroriste ne peut jamais être exclu. Depuis 2020, nous constatons à nouveau une tendance à la hausse. Avec ce manuel de sécurité, nous voulons fournir un outil pratique et utile aux représentants des communautés religieuses et des associations humanistes laïques. Cette démarche devrait leur permettre de protéger leur communauté, leurs visiteurs, leurs bâtiments et leurs biens de manière plus efficace et plus professionnelle. Et ce,sans perdre de vue l’hospitalité qui les caractérise. »